On parle souvent des pollutions plastiques ou chimiques des océans, mais il est une pollution océanique dont on parle peu, la pollution radioactive. Même si cela semble aujourd’hui scandaleux, pendant 50 ans l’industrie nucléaire s’est débarrassée de ses déchets radioactifs en les jetant dans les océans dans des barils d’acier. La radioactivité des déchets était alors censée se dissiper dans les profondeurs des océans. Depuis 1993, notamment grâce aux campagnes de Greenpeace, il est désormais interdit de rejeter en mer des fûts radioactifs.
Mais deux problèmes de taille demeurent : premièrement, des milliers de fûts radioactifs sont encore présents sous les océans et la rouille aidant ont déjà commencé à polluer la chaine alimentaire. Deuxièmement – et c’est tout aussi grave – paradoxes des administrations et puissance des lobbies aidant, il est toujours légal de rejeter des eaux contenant des radionucléides dans les océans !
Le documentaire allemand de Thomas Reutter et Manfred Ladwig intitulé « Océans Poubelles » diffusé sur ARTE le mardi 23 Avril 2013 a le courage de s’attaquer à ce dossier brûlant. Je vous conseille vivement de le regarder.
Les journalistes abordent notamment les points suivants :
A Hurd deep, une dépression sous-marine située au cœur de la Manche, plus de 28.000 fûts radioactifs ont été immergés à seulement 100 m de profondeur. Les journalistes confirment une forte concentration en plutonium sur les lieux de déversement. A une demi-heure de bateau de France, il y a de quoi s’inquiéter, surtout quand on sait que sur une ile anglaise proche, le taux de leucémie infantile est bien trop élevé.
Alors que le largage de fûts radioactifs en mer est désormais interdit, l’industrie nucléaire a trouvé une parade : construire d’immenses canalisations, permettant de déverser les déchets nucléaires au large. L’une de ces canalisations se trouve en Normandie ; elle sort de l’usine de traitement de la Hague et rejette en mer des déchets radioactifs. L’avantage pour l’industrie nucléaire, est que cette forme de rejet lui vaut moins de mauvaise publicité. Ni vu, ni connu.
La pollution radioactive de la Hague se propage sur des longues distances. Un physicien démontre dans le reportage, que des algues prélevées sur les côtes allemandes contiennent de l’iode radioactive en provenance de la Hague.
Il en va de même, au Pays de Galles à Sellafield, où depuis des décennies des déchets radioactifs sont rejetés dans la mer via une canalisation. Là, le nombre de cancers est 10 fois plus élevé que dans le reste du pays. L’administration anglaise nous rassure cependant ; la plage de Sellafield a été lue voilà quelques années « plage la plus propre du pays » ! Tout va bien donc.