L’aspartame (E951) est partout. NutraSweet ou Canderel, mais aussi présent dans plus de 6000 aliments : sodas, bonbons, chewing-gum, chocolats, yaourts, produits minceurs, médicaments, vitamines à croquer. C’est pourtant un édulcorant neurotoxique dont de nombreuses études ont montré la dangerosité. A 29°C (dans le café par exemple ou dans une bouteille de soda trop exposée à la chaleur), l’aspartame se décompose en deux toxines connues : la DKP et la formaldéhyde. Alors comment finalement ce produit a-t-il pu arriver sur la marché ? C’est cette (pathétique) histoire que je vous propose ici.
Sommaire
L’édifiante histoire de la mise sur le marché de l’Aspartame.
1965 : Alors qu’il travaillait sur un médicament contre les ulcères, James Schlatter, chimiste de la société G.D. Searle, découvre accidentellement l’aspartame, une substance sans calorie, 180 fois plus sucrée que le sucre
1967 : Le Dr Harold Waisman, biochimiste à l’Université du Wisconsin, mène des tests de sécurité sur sept bébés singes nourris au lait et à l’aspartame. Un des singes meurt et 5 autres terminent dans un état grâve (crises d’épilepsie).
1970 : Le cyclamate, l’édulcorant hypocalorique qui règne alors, est retiré du marché après que des scientifiques aient démontré son action cancérigène. La saccharine, le seul autre édulcorant artificiel sur le marché est également montré du doigt. Un potentiel boulevard commercial s’ouvre alors pour l’aspartame.
1971 : Le Dr John Olney, neuroscientifique (dont le travail de pionnier a permit l’interdiction du glutamate monosodique dans les aliments pour bébés) informe G.D. Searle que ses études montrent que l’acide aspartique (un des ingrédients de l’aspartame) a provoqué des trous dans le cerveau de souriceaux. Un des propres chercheurs de G.D. Searle ont confirmé les découvertes du Dr Olney dans une étude similaire.
1973 : Après avoir dépensé des dizaines de millions de dollars, la société G.D. Searle soumet à la Food and Drug Administration (FDA, l’organisme chargé d’approuver la mise sur le marché) des centaines d’études démontrant l’innocuité de l’aspartame. Ces études sont toutefois jugées insuffisantes par la FDA qui demande des tests cliniques complémentaires.
1974 – La FDA accorde l’aspartame sa première homologation pour un usage restreint dans les aliments secs. Donald Rumsfeld (qui deviendra plus tard PDG de G.D. Searle), venait d’être nommé secrétaire général de la Maison Blanche par le président Gerald Ford.
1976 : Le procureur, Jim Turner (défenseur des consommateurs qui a contribué à obtenir que le cyclamate soit retiré du marché) et le Dr John Olney déposent une pétition qui déclenche une enquête de la FDA sur les pratiques du fabricant de l’aspartame. L’enquête démontre que les procédures de tests de G.D. Searle sont de mauvaise qualité, pleines d’inexactitudes et que les données des tests ont été manipulées.
Janvier 1977 : La FDA demande officiellement au bureau du procureur des Etats-Unis d’engager des poursuites contre G.D. Searle pour avoir sciemment déformé des conclusions et «dissimulation de faits importants et de fausses déclarations» dans les tests de sécurité concernant l’aspartame.
Mars 1977 : Donald Rumsfeld, alors secrétaire général de la Défense, devient le nouveau PDG de la société G.D. Searle.
Aout 1977 : Les enquêteurs de la FDA produisent le rapport Bressler. Le rapport met en évidence que 98 des 196 animaux morts pendants une étude de G.D. Searle, ne furent autopsiés que très tardivement. Des polypes de l’utérus et des tumeurs aux ovaires ont été trouvés chez les animaux mais non déclarés dans les rapports de G.D. Searle.
Décembre 1977 : Le procureur chargé de l’enquête pénale démissionne de ses fonctions et rejoint un cabinet d’avocats de G.D Searle. Le bureau du procureur des Etats-Unis abandonne les poursuites contre G.D. Searle. Hop ! Tour de magie !
1979 : La FDA demande une commission d’enquête publique pour statuer sur les questions de sécurités entourant le NutraSweet (le nom commercial de l’aspartame).
1980 : L’enquête conclut que NutraSweet ne doit pas être approuvé en attendant d’autres études sur les tumeurs au cerveau trouvées chez les animaux. La commission déclare que preuve n’a pas été faite que l’aspartame est sans danger en tant qu’additif alimentaire.
Jan 1981 : Donald Rumsfeld, PDG de G.D. Searle annonce dans une réunion commerciale qu’il utilisera toute son influence politique pour que l’aspartame soit approuvé dans l’année.
21 janvier 1981 : Ronald Reagan prête serment et devient président des États-Unis. L’équipe de transition intègre Donald Rumsfeld. L’ancien commissaire de la FDA est démis de ses fonctions, et le Dr. Arthur Hull Hayes est nommé pour le remplacer. C’est bon d’avoir des amis.
Juillet 1981 : Un de ses premiers actes officiels, du Dr. Arthur Hull Hayes, ignorant les recommandations de son équipe, est d‘approuver officiellement le NutraSweet pour les produits secs (gomme, céréales de petit déjeuner et autres produits secs).
Oct 1982 : G.D. Searle dépose une pétition pour que l’aspartame soit approuvé comme édulcorant dans les boissons gazeuses et d’autres liquides.
Juillet 1983 : La National Soft Drink Association (NSDA) exhorte la FDA à retarder l’approbation de l’aspartame pour les boissons gazeuses en attente d’autres tests, car l’aspartame est très instable sous forme liquide. Lorsque le liquide est stocké à une température supérieure à 29 degrés Celsius (85 degrés Fahrenheit), l’aspartame se décompose en deux toxines connues : la DKP et la formaldéhyde.
Juillet 1983 : La FDA sous la houlette de Arthur Hull Hayes, approuve l’aspartame comme édulcorant dans les boissons gazeuses. Hop ! Nouveau tour de magie !
Oct 1983 : Un scandale révèle qu’Arthur Hull Hayes utilise gracieusement un jet de General Foods, un des gros clients de NutraSweet. Celui-ci démissionne mais est embauché immédiatement par G.D. Searle comme conseillé scientifique sénior. Elle est pas belle la vie ?
Automne 1983 : Les premières boissons gazeuses contenant de l’aspartame sont commercialisées.
1984 : L’aspartame est autorisée en Europe.
1985 : Monsanto fait l’acquisition de la société G.D. Searle. La vente aurait rapporté à Rumsfeld la coquette somme de 12 millions de de dollars.
1993 : La FDA approuve l’usage de l’aspartame à la cuisson malgré la décomposition connue de l’aspartame en toxines au delà de 29°C !
1995 : En accord avec la Freedom of Information Act (en français la « Loi pour la liberté de l’information »), la FDA rend publique une liste de 92 symptômes de l’aspartame identifiés chez plus de 10.000 victimes. Les symptômes relevés se classent comme suit :
- Visuel (troubles de la vue, diminution des larmes, cécité sur un ou deux yeux)
- Auditif (acouphènes dit « bourdonnements », intolérance au bruit, altération de l’audition)
- Neurologique (migraines, étourdissements, perte de l’équilibre, troubles de la mémoire, somnolence, convulsion, épilepsie, troubles de l’élocution, tremblements, hyperactivité sévère, difficultés à marcher)
- Psychologique (dépression grave, irritabilité, tendance suicidaire, anxiété, changements de personnalité, insomnies sévères, phobies, addiction à l’aspartame)
- Cardiaque (palpitation, tachycardie, essoufflement, douleur thoracique atypique)
- Gastro-intestinal (nausées, diarrhées, douleur abdominales)
- Dermatologique (démangeaisons, urticaire, éruption cutanée, lupus érythémateux, perte de cheveux, aggravation des allergies respiratoires, trouble de la sensibilité, mêmes symptômes que pour la sclérose en plaques)
- Trouble du poids (gain ou perte de poids marqué)
- Rhumatologique (douleurs articulaires graves, fibromyalgie, crampes, myasthénie)
- Métabolique (aggravation du diabète, Hypoglycémie aggravée, troubles menstruels, hyperthyroïdie grave)
- Fluides (fréquence des mictions, brûlure à la miction, soif intense, rétention hydrique et œdème aux pieds et jambes)
1996 : La FDA a levé toutes les restrictions de l’aspartame lui permettant d’être utilisé dans tous les aliments et liquides.
2004 : Des poursuites en justice sont initiées, dans trois cours de la Californie, contre 12 compagnies qui produisent ou utilisent l’aspartame comme édulcorant dans leurs produits. Elles sont accusées de fraude et de violation de garantie en mettant leurs produits sur le marché tout en sachant que l’aspartame est neurotoxique.
Les accusés sont : Altria Corp. (propriétaire de Kraft et de Philip Morris), Bayer Corp., Coca-Cola, Con-Agra Foods, Dannon Company, PepsiCo, The NutraSweet Company, William Wrigley Jr. Company, Walmart et Wyeth Inc.
2010 : Un travail danois, publié dans The American Journal of Clinical Nutrition à la fin juin 2010. Il portait sur 59.334 femmes et fait ressortir un lien entre la consommation de boissons à base d’édulcorants et le risque d’accouchement prématuré. Ce dernier augmenterait ainsi de 38 % pour une consommation journalière d’au moins un soda allégé et de 75 % avec quatre sodas allégés par jour.
2010 : Une deuxième étude, italienne, a été réalisée par le centre de recherche sur le cancer Ramazzini de Bologne, dont les travaux ont été critiqués à plusieurs reprises pour vices méthodologiques. Les auteurs reviennent à la charge en décembre 2010, soulignant les effets cancérigènes de l’aspartame, uniquement chez la souris et le rat.
2010 : La commission européenne avance à 2012 sa réévaluation complète de l’aspartame initialement prévue en 2020.
2011 : Des ONG demandent le renvoi de deux experts de l’Autorité Européenne de Sécurité des Aliments (EFSA) qui ont « oubliés » de déclarer leur lien avec l’industrie agro-alimentaire. Voir le communiqué (note: ce communiqué a été supprimé du site) du très pertinent Réseau Environnement Santé.
Le futur : Qui pourrait dire combien de temps encore les lobbies réussiront à imposer l’aspartame ? Une alternative (déjà controversée) pourrait se dessiner avec le Stevia, un édulcorant naturel issu d’une plante, la stevia rebaudiana.
et Le coca light m’a tué : dangers de l’aspartame :