À propos

croissance_population_mondialeClaude Lévi-Strauss qui vient de mourir a prononcé une phrase qui m’a beaucoup marqué :  « Nous sommes dans un monde auquel je n’appartiens déjà plus. Celui que j’ai connu, celui que j’ai aimé, avait 1,5 milliard d’habitants. Le monde actuel compte 6 milliards d’humains. Ce n’est plus le mien ». Elle illustre bien la folle croissance qu’à connu le monde le temps d’une vie d’homme. Exponentielle : telle est la courbe démographique de l’humanité. Une belle courbe chère aux mathématiciens. Elle devient pourtant dramatique quand on l’applique à la population d’une petite planète. 400.000 personnes de plus sur Terre chaque jour.

Comment imaginer qu’une telle course folle, qu’une telle fuite en avant puisse durer encore bien longtemps. Drame planétaire, il y aura. Ce n’est même pas une prophétie, c’est une évidence. Bactériologique, écologique ou conflits armés, la régulation de la population aura lieu.

Quand on pense à un mode de vie harmonieux, on pense rapidement à la notion d’équilibre. L’équilibre, la voie du milieu chère au Bouddha. Les plus beaux écosystèmes terrestres sont le résultat d’un équilibre entre les organismes en présence. L’écosystème global de la planète est le résultat d’un équilibre fragile. Comment imaginer qu’un mode de vie basé sur une croissance perpétuelle soit pérenne ? Si on prend le temps d’y penser, c’est tout simplement un non-sens. C’est pourtant tout ce que nos gouvernements trouvent à nous proposer ; une course toujours plus en avant, vers la croissance, le nez dans le guidon. Allons-y, le mur est droit devant. Impossible de le manquer.

Le paradoxe est que pendant les cinquante dernières années, alors que la population mondiale doublait, l’état de nos connaissances a lui aussi cru de manière exponentielle. Nous avons exploré l’infiniment petit, identifié microbes et virus, plongé avec vertige à la découverte des atomes, des quarks et nous sommes mis en chasse du boson de Higgs, la particule de Dieu ! L’infiniment grand n’est pas en reste puisque partant d’une vague connaissance du système Solaire, nous avons très vite bondis vers une représentation fine de notre galaxie, la Voie lactée. Nous avons même échafaudé des modèles cosmologiques , comme le célèbre Big Bang, décrivant la formation de l’univers. Fabuleuse ascension ou l’infiniment grand nous renvois à la structure même de la matière, à l’infiniment petit.

Paradoxal qu’une espèce doué d’une analyse aussi fine, n’est pas pris la pleine mesure de l’impasse dans laquelle elle se fourvoie. Avant de prétendre trouver des solutions écologiques, politiques ou éthiques, il serait urgent que les individus, les gouvernements, les terriens posent un regard lucide sur  leurs modes de vie et sur l’état de la planète .

Car oui, en vérité, il est urgent d’être lucide.

Karl

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